un avant-goût de bonheur - [c] ● rp réservé (rosvan).

le rythme effréné des urgences t'as rendu dingue. une nuit entière à te coltiner les âmes en peine du bar d'en face, avant d'entamer une journée riche en émotion. T'en as vu de toutes les couleurs, t'as enchaîné les cas en délaissant la moindre petite pause. une putain d'erreur. Parce que là, maintenant, t'es avachis dans ton lit, à admirer des formes qui n'existe même pas. deux-heures et quart, et tu sombres dans les bras de Morphée. ça te prends d'un coup, avec une telle violence que t'as pas réellement l'impression d'être endormis. t'es encore là, à fixer ton plafond alors que tes jambes sont endoloris suite aux indénombrables piétinements. Du moins, ça, c'est ce que tu crois. Ce que t'imagines jusqu'à ce qu'une main glisse sur ton torse. un contact inhabituel, une douce caresse et toi, qui perds soudainement pieds. là , maintenant, t'as qu'une envie, ouvrir les yeux et savoir qui elle est. T'aimerais tourner ton visage,  la découvrir , mais là, ton corps refuse de coopérer. t'es juste là, à moitié endormis, à savourer une douceur qui t'es inconnue. Et ça te rends bizarre, comme-ci t'étais de nouveau entièrement toi. toi, sans les problèmes, sans les histoires et tout ce bordel. y'a même un truc en toi, une douce chaleur qui t’inonde le coeur. comme un goût de bonheur

Savourer l'instant présent quelques minutes encore, des secondes qui s'écoulent et ton être qui vacille un peu plus. Cette sensation de bien-être, tu ne l'as plus éprouvé depuis longtemps, bien trop longtemps pour oser interrompre l'instant et découvrir son visage. Des fins doigts qui s'égarent ici et là pour retracer habilement le contour de ta mâchoire.T'ignores de qui il s'agit, qui est l'auteur de tous ces gestes. Au fond, t'as même pas la foi d'y réfléchir, de te rappeler de la veille, ou peut-être que t'essayes. en vain, sans y parvenir. Tout ce que tu perçois, c'est ce sentiment nouveau qui t'inonde. Comme-ci, pour la première fois, le vacarme de tes idées noires avait pris le large.  Et ça, c'est tellement soudain que toi, t'en perds pieds. t'as perdu le contrôle, et des lèvres inconnues parcourent ton cou. Pourtant, cet avant-goût de bonheur te pousse à profiter des choses, à goûter à cela sans pouvoir t'y délecter. Du moins, jusqu'à ce que les lèvres inconnues s’entrouvrent à quelques millimètres de toi.  « amour, réveille-toi. » , le temps d'un haut-le-cœur, d'une prise de conscience et ton visage se tourne vers elle. Elle ne devrait pas être là. Elle, elle aurait simplement dû s'éloigner de toi.  « rosie. » , que tu lâches en pleine incompréhension. T'as besoin de comprendre les choses, de savoir ce qu'elle fait là, ici, dans ton lit, et de comprendre comment t'as pus aller jusque là. Tu maîtrisais la chose, tu t'étais délecté elle, tu l'as guidé sans réellement t'en approcher. Et là, elle est là , le corps accroché au tient.

T'essayes vainement de comprendre les choses, de te ressasser les évènements passés pour comprendre là où t'as foiré. Là, où tout a dérapé. Et t'as beau essayer de réunir tous tes souvenirs, rien n'y fait. t'es perdu, complétement paumé face à un regard qui te fait vaciller. C'est comme-ci t'avais le contrôle de rien, comme-ci pour la première fois depuis longtemps ton coeur et ta raison refusés soigneusement de coopérer. un gros bordel. et puis son sourire s'en mêle. une douceur qui enverrait presque valser tes nombreuses interrogations. elle est belle Rosie, peut-être même encore plus que d'habitude. Peut-être parce qu'elle est plus proche de toi, parce que son parfum t'enivres, et que quelque chose au fond d'elle a changé. T'en sais rien , tu sais juste qu'elle te rends dingue. « quoi, tu t'attendais à quelqu'un d'autre peut-être? » , ton sourire menace de te trahir. Pour la première fois, Rosie ose. et ça, ça te plait encore plus. Et avant même que tu ne puisses répliquer, t'éloigner d'elle pour tenter de comprendre, ses lèvres viennent à toi. une douceur sur laquelle t'aimerais subitement t'attarder. la seconde est trop courte, mais suffisante pour que ton coeur succombe à l'instant présent. Peut-être même, qu'à présent, les raisons ne t'importent plus. le pourquoi du comment semblent inutiles. tu veux juste encore un peu d'elle. « à quelqu'un qui m'embrasse plus longuement. » , des mots qui s'en vont, des paroles irréfléchies, le reflet d'une spontanéité qui ne te ressemble pas. là, au prés d'elle, t'as presque l'air heureux.

Parfois, les instants sont si précieux que malgré la raison , on ne peut s'en délecter. C'était exactement ce que tu vivais, là, maintenant. une bulle de bonheur, un instant si précieux que tu aurais aimé pouvoir arrêté le temps. parce que même si tout est flou, si les choses semblent décousues les unes des autres , une part de toi veut s'y accrocher. C'est plus fort que toi. Ta raison a beau te tirailler, tenter vainement de te résonner, toi, tu n'as qu'une envie. Y goûter un peu plus. D'ailleurs, t'avais même oublié tout ces sentiments qu'entraînent le bonheur, toutes ces jolies choses qui nous font vivre de l'intérieur. à croire qu'il a suffit d'un baiser, d'elle et de ses lèvres rosées pour réanimer ton être. Et elle, elle s'éloigne déjà. si rapidement, que t'as l'impression qu'elle en vient subitement à emporter une part de ton coeur. une part de toi. Alors, lorsqu'elle se penche pour ébouriffer tes cheveux, toi, t'en viens aussitôt à tirer délicatement sur le large t-shirt. une manière de la ramener à toi, de t'enivrer de son parfum, et de savourer ses lèvres, encore une fois. Puis, subitement, avant même que tu ne retrouves la chaleur de son corps. La lumière du jour s'immisce entre vous, elle vient éblouir ton visage jusqu'à ce que les traits de Rosie disparaissent sous tes yeux. toi, tu t'accroches à sa main, t'as pas envie qu'elle parte d'ici, qu'elle s'éloigne de toi. Et puis, tout s’effondre. une sonnerie de réveil, tes paupières qui s'ouvrent enfin, et aucune trace d'elle. un maudit cauchemar, un soupçon de rêve, un morceau de toi. d'ailleurs, t'es presque chamboulé par tout ça.