i will need stitches to explain this massacre in my head.
Les yeux lourds, les muscles endoloris par une journée qui s’achevait peu avant l’aube d’un autre jour, Eli rangea sa tasse dans l’évier avant de rejoindre son lit. A peine la tête posée sur l’oreille, l’ancien soldat sombra dans un sommeil étouffant, les ombres projetés par sa lampe de chevet arrivant à imbiber le tissu onirique de ses songes. Ouvrant à nouveau les yeux, incapable de distinguer le bout de son nez, le premier réflexe du jeune homme assoupi fut de se débattre contre cette sensation écrasante de ne pas être à sa place. Cet univers rejetait de toutes ses forces le nouvel arrivant, ce dernier incapable de lutter contre l’oppression écrasant sa cage thoracique. La bile s’attaqua à l’intérieur de sa gorge, la sensation douloureuse de s’étouffer sur ce rideau opaque d’obscurité arrivant à le déstabiliser. Conscient de la vanité de son acte, Eli chercha à arracher à ses cordes vocales un cri inhumain. Pourtant, aucun son ne s’échappa de ses lèvres, le bruit des balles sifflant à ses oreilles arrachant à ses prunelles aveuglées l’océan d’une douleur qu’il ne pouvait nommer. Recroquevillé sur lui-même, l’écho des mitrailles s’échappant de ses lèvres soudées, la lumière s’échappant de partout n’arriva pas à arracher le brun à sa prostration. Allongé à même un sol qu’il ne pouvait décrire, ouvrant les yeux sur un éclat dont la lumière l’aveuglait, les ténèbres s’en était allée pour ne laisser place qu’à une tâche à quelques mètres de lui. L’ombre indistincte resta immobile, Elijah observait le néant et le néant l’observait en retour. Un douloureux besoin de régurgiter lui vrilla l’estomac, cependant rien ne venait. Rien de plus que cet étourdissement lui grillant les rétines à l’aube d’un jour sans saveur, une aube dont la teinte laiteuse désarçonnait le garçon. « Benny ? » Conjuré par cette supplique, son vieil ami sembla prendre forme devant ses yeux mouillés. Aussi rapidement qu’il était apparu, le mort s’évapora, les gerbes d’un sang noir quittant sa chair avant de ne laisser place qu’à cette ombre prenant plus d’ampleur. Qui était-ce ? Si ce n’était ses regrets ?