(rosvan) beauty is all he is

Des mouvements qui s'enchaînent et des coups qui s'entassent. T'es tellement habitué , toi, que la douleur des coups encaissés est si minime , que seul les traces de sang égarées ici et là témoignent de choc. D'ailleurs, t'as même pas l'impression d'avoir pris des coups. t'en as reçu pourtant, quasiment autant que t'en as donné. Puis, dans un élan, le temps d'un instant y'a ton corps qui vacille. t'es parti à la dérive, le temps d'un choc, et ta mâchoire se contracte subitement sous le coup. Il t'as prit de cours, et cette fois-ci, t'as pas eu le temps de t'écarter. Alors, dans un instant de rage, sans crier gare de ton état, tu cognes. un poing qui part dans un assaut final. t'as tellement les nerfs a vif, le sang à chaud, qu'il tombe sans se relever. Encore une fois, t'as échappé au pire, s'il s'était relevé,là ,  ça aurait probablement été toi, gisant sur le sol. Et avant même que l'on s'occupe de tes blessures, tu prends le large. Inconscient et trop borné pour t'attarder là. Puis, t'as même pas l'impression d'être dans un sale état. Toi, tu crois juste avoir quelques hématomes, deux trois coups, sans grande importance. Alors, tu te contente de nettoyer ton visage. Rien ne part, si ce n'est quelques traces de sang. Mais tant pis, c'est mieux que rien. Et avant que les paris ne recommencent, tu t'éloignes de là. Tu pars, loin de cet entrepôt miteux.

Un corps écorché à vif, des coups qui te font souffrir, et des pas qui s'enchaînent. T'as hâte de rentrer, de repartir te terrer à l'appart et avant de tourner dans une ruelle, y'a un coup de klaxon qui te fait relever la tête. elle est là, à moitié rêveuse, à moitié là. Quelques pas en avant, de peur qu'elle ait quelque chose, et quand elle s'écarte enfin, tu en fais de même. T'espère qu'elle ne t'as pas vu, que ses rêveries ont dissimulé ton visage.

T'as presque envie de croire à la chance, là , maintenant. Croire que les rêveries de la jolie demoiselle l'ont empêché d'entrevoir ton être. L'espoir, Janis elle y croit, elle croit qu'il suffit de penser à quelque chose fortement pour que celle-ci est plus de chance de se réaliser. Alors, pour la première fois t'essayes. t'y crois, à moitié. mais t'essayes. Et bien évidement, les idioties de Janis se heurtent à la réalité. « jovan. » , un courant d'air qui passe, et une voix si proche qu'elle réveille en toi quelques souvenirs. elle suscite à elle-seule l'éveil de tes sens, et ça, ça te donne un premier coup. Peut-être même que pour la première fois de cette soirée tu ressens enfin quelque chose. Et ça, ça t'tue déjà. Oui, t'essayais de l'éviter , de fuir le moindre souvenir d'un maudit cauchemar. un foutu rêve qui a suffit à lui seul à te mettre en vrac. Et puis, le destin s'en est mêlé, et tu te retrouves à présent en tête à tête avec elle. elle, dont les prunelles dévisagent soudainement chaque parcelles de ton visage. Un visage écorché, comme ton coeur. t'es loin d'être beau, toi, et ton visage ensanglanté. Alors, par réflexe tu t'éloignes d'elle. Avant que ses fins doigts ne viennent effleurer les plaies. Bien avant que ton corps s'anime sous un quelconque contact. T'as pas envie d'y goûter, d'y succomber une nouvelle fois. Et même si ce n'était qu'une illusion, tu te dis que les souvenirs sont bien trop ancrés pour être envoyés valser.  « ce ne sont que des égratignures. » , un mensonge , parce que face à elle, tu n'assumes même pas ces traces. un pas en arrière, un peu plus dans l'obscurité, dans l'espoir peut-être qu'elle ne puisse plus entrevoir les dégâts du combat.  « un simple combat de boxe. »

Ses prunelles épient attentivement les moindres recoins de ton visage. Et tu vois, à travers ses traits , chacune de ses pensées. L'inquiétude est un sentiment que t'as déjà vu et que tu reconnais si bien qu'il te fait actuellement face. Tu sais ce qu'elle s'apprête à dire , avant même que les mots ne bravent ses lèvres rosées. Parce qu'on te l'a déjà demandé, on t'a déjà questionné. Et t'as beau connaître cette inquiétude qui se lit sur son visage ; t'es dans l'incapacité même d'émettre une véritable réponse à ses dires. T'écorcher le corps, c'est ta manière à toi de t'évader de la vie. Tu fuis la vie et tout ce qui s'ensuit. T'oublies tes ressentis, envoie valser tes pensées à chacun des coups qui s'abat violemment sur ton corps. Une sorte d'exutoire.  « pourquoi tu te fais ça? » , pour t'oublier. Les pensées reviennent aussitôt s'immiscer dans ton esprit. Cette fois-ci, si t'es monté sur le ring pour t'écorcher le corps, c'est à cause d'elle. d'elle, et de toutes ces choses qu'elle a réveillé en ton être. Tu pensais à elle, trop souvent, et tu revoyais soigneusement chaque parties de ton rêve. ça t'écorchais le coeur, toi, de revivre des choses qui ne sont qu'illusions. Alors t'as ressentis le besoin d'enfouir les souvenirs, de te marteler le corps jusqu'à ce qu'elle devienne une vive douleur. Malheureusement, même la douleur n'a pas été suffisamment forte pour l'effacer. Face à elle, ton regard n'est plus vraiment là. Tu t'efforces de la voir, sans réellement percevoir ce qu'elle est vraiment. Une manière de fuir les choses, celles qui te consument de l'intérieur. Et encore une fois, sa question demeurera sans réponse. T'es pas prêt, et tu ne le seras probablement jamais. Toi, tu préfères renier la vérité, te morfondre au travers d'un mutisme avant de dire des choses qui n'ont de sens. « Tu ne devrais pas être là. » , ni dans ce lieu, ni avec toi. Et pourtant, Rosie elle est toujours là. à suivre tes pas, à s'accrocher à toi. T'ignores pourquoi elle fait ça, pourquoi elle s'accroche à toi, mais toi, ça te tue. Un peu plus à chaque instant.« Rentre chez toi. » des mensonges qui s'agglutinent et des envies qui se meurent en toi. Bien évidemment t'aimerais qu'elle reste, encore, mais avouer les choses et bien plus difficile que de les envoyer valser.