jupiter a dit oui // jovis

tu longes l'une des rues de victory ave. tu n'entends pas le bruit de tes pas sur le béton froid. t'as pas de talons de toute façon, parce que t'as pas le talent. t'es janis à plat sur le sol, dans tes converses usées de gamine. elles sont jaunes ; tu souris. il n'est pas trop tard, avec un peu de chance, tu pourras aller acheter de la salade pour jools et te faire un chocolat chaud à la cannelle en rentrant. nova sera peut-être là avec son sourire.

tu frappes à la porte qui te fait face. c'est chez jovan. comme toujours, tu passes à l'improviste. ça fait quelques temps que tu ne l'as pas vu. en fait, tu viens moins à lui qu'il ne vient à toi. il se blesse souvent. mais aujourd'hui est un jour spécial.

aujourd'hui, les planètes sont alignées.
aujourd'hui, t'as ramené une boîte de cookies encore chauds.

tu attends sur le paillasson.

une première nuit de repos. Et si la plupart en profiterais, toi, tu fais les cent pas entre quatre murs. t'as pas l'habitude de ne rien faire, de rester là, à l'appart. T'as essayé de te trouver un plan de secours, un moyen de t'occuper. T'as appelé Kris, t'as essayé de te dégoter un combat , t'as même rappelé les urgences pour annuler ton jour de repos. Et t'es encore là, sans plan de secours pour t'vider la tête. Une soirée de merde, une nuit d'ennui, et des idées qui s'entassent à l'intérieur de toi. à croire que ce soir, le sort s'acharne sur toi. Et alors que tu t'apprêtes à te servir un verre , ton lot de consolation du jour, quelqu'un frappe à la porte. Quelques coups qui tonnent dans l'air, deux martèlements qui interrompent tes gestes. Tu n'attends personne, pourtant, avant même que ta main n'enclenche la poignée tu connais l'identité de la personne dissimulée de l'autre côté de la porte. Tu pourrais même parier que c'est Janis. Parce qu'il n'y a qu'elle, qu'elle qui frappe deux petits coups et qui attends patiemment de l'autre côté sans s'énerver. Il n'y a qu'elle aussi, qui ose débarquer à l'improviste sans craindre que tu ne sois pas là. Janis, elle fait confiance au destin. Et pour une fois, t'aurais presque envie de la bénir. Parce qu'inconsciemment elle te sauve de l'ennui. Alors, t'ouvres la porte, et pour la première fois depuis longtemps, ton sourire rayonne face à elle.

il doit y avoir un trou dans ta boîte, parce que l'odeur de cookies embaume l'espace. tu te retrouves propulsée dans la cuisine de maman. tu sens presque le lait frais qui s'écouler dans ta gorge, tandis que des miettes de cookies agrandissent artificiellement ton sourire.
t'as un sourire chocolat.

la bulle de souvenir explose. jovan a ouvert la porte.

lorsque son regard se pose sur toi, un sourire se forme sur son visage, auréolé de sa barbe sombre (preuve que les planètes sont alignées). il semble bien aller. instinctivement, tu lui réponds par un sourire.

salut jovan, dis-tu. cookies ?

tu montres la boîte bleue à pois blancs que tu tiens de la main gauche. puis, sans attendre, tu t'avances pour rentrer chez lui. t'es sûre de toi parce que, dans l'fond, tu sais que t'es la bienvenue. c'est toujours comme ça avec toi. au début, on est ok pour te laisser rentrer ; c'est après que ça se gâte.

Janis, c'est un mirage. Une chose qui débarque subitement à nous, qui nous fait sourire, et puis qui nous pousse à bout. t'as beau le savoir, il faut toujours que tu la laisses pénétrer dans ton antre. la laisser entrer, s'immiscer dans ton espace, et puis la voir lutter contre tes démons. les idées noires contre les illusions d'une gamine. à combat à bras le corps, un combat sans fin, où elle ne peut finir gagnante. Parce que toi, t'es pas Jezabel, ni même Jura, toi, t'es trop borné pour laisser ses douceurs corrompre tes idées noires. « cookies ? » qu'elle dit. Et là, à cet instant précis , entre l'ennuie et l'odeur des cookies qui t'enivres, t'as aucune envie de l'envoyer valser. Alors tu te décales, gardes ton sourire et la laisse pénétrer chez toi en veillant quand-même à lui voler la boîte de cookie. « je n'ai jamais été si heureux de te voir. » que tu largues en refermant la porte avant d'esquisser un petit sourire en coin et de reporter ton regard sur la rêveuse. « je parle des cookies, pas de toi. » , une connerie. un mensonge qui brave tes lèvres avant que celles-ci ne se pose délicatement sur le haut de son front. Parce qu'au fond, Janis a beau être une calamité, tu l'aimes quand même la petite.

tu regardes doucement jovan.

tu devrais sourire plus souvent. c'est lancé comme ça, sans arrière pensée. tu penses même pas au fait que jovan puisse s'arrêter de sourire parce que t'en as fait la remarque. t'y penses pas parce que personne te la fait cette remarque. parce que tu souris toujours. p't-être même en dormant.

et avec un peu de chance, il t'écoutera lorsque tu lui parleras de tes recherches sur les couleurs ou les nombres ou la signification des prénoms ou l'astrologie ou la nature. peut-être.

sans hésitation il te laisse rentrer, comme tu t'en doutais.

la boite de cookies est dérobée par ses mains viles. eh ! je suis plus jolie que cette boite, c'est pas gentil. un air boudeur se forme sur ton visage pendant quelques secondes. jusqu'à son baiser. t'es trop sensible aux marques d'affection. surtout celles de jovan, encore trop rares à ton goût.

ça va bien, sinon ? des nouvelles de la famille ?

tu démarres doucement l'opération, l'air innocent.

  « tu devrais sourire plus souvent.  » la spontanéité à l'état brut, des mots qui s'échappent sans qu'elle ne puisse réellement les contrôler. t'as l'habitude de ces remarques, de celles qui te rappellent ce que t'étais avant. Et même si tu perçois sa remarque, tu refuses de réellement l'entendre. t'y attarder, t'y pencher, toi, tu préféres l'envoyer valser avant même que tes pensées ne puissent y réfléchir. A croire que c'est plus simple de fuir les choses que de les assumer. « eh ! je suis plus jolie que cette boite, c'est pas gentil. » , sa voix interromps tes pensées, et tu croques aussitôt dans l'un des cookies. T'ignores qui de ta mère ou de ta soeur les a fait, mais ils sont parfaits. un goût d'avant, de quand t'allais les piquer directement sorti du four. « ça va bien, sinon ? des nouvelles de la famille ? » , ton regard dérive jusqu'à elle. Janis et ses interrogations. Elle attends des réponses, quelques indices que tu ne dévoileras pas. Elle a l'habitude la petite. Et pourtant, à chaque fois elle essaye, tente soigneusement de soutirer des informations. Et comme d'habitude, toi, t'hausses vulgairement les épaules. « comme toujours, et toi ? » , aucune information ne franchit tes lèvres, de vulgaires banalités s'en échappent et Janis sait déjà qu'elle n'obtiendra rien de plus. « que fais-tu là, Jan' ? » , tu fonces dans l'tas. T'y vas tête baissé , parce que tu connais trop bien la jeune-femme pour croire que sont arrivée surprise et sans arrières pensées. Janis, elle est comme ça, elle n'agit que lorsqu'il y a un but de l'autre côté.

gênée, tu remets une de tes mèches de cheveux en place. t'as pas eu le temps de les coiffer (t'as jamais le temps en fait). t'attends la réponse de jovan mais comme toujours il ne dit rien d’intéressant. il est flou. tu le soupçonnes de le faire exprès. il répond toujours de la même manière. or, il n'est pas possible que la famille aille comme toujours depuis des mois. non, en fait tu sais qu'il le fait exprès. tu soupires un peu, sans quitter ton sourire. peut-être qu'un jour il te fera confiance.

oh j'ai rêvé de jura y'a pas longtemps. et puis ben est toujours aussi gros, tu sais mon hamster ? ça fait quelques temps que je n'ai pas vu jezabel, mais bon... et puis, jo va bien aussi. ça y est, t'es lancée dans ton flot de parole. au fait, t'aurais pas de la salade ? pour ma tortue. avec un peu de chance, tu n'auras pas à faire les courses.

puis il te questionne.
oh. tu essayes d'être naturelle.

je te dérange ? en fait, c'est peut-être ça le problème. t'y avais même pas pensé avant d'arriver. je venais juste te voir, ça faisait un bout de temps. dis-tu en jouant avec tes doigts.

autrement dit : est-ce que t'es blessé ?
autrement dit : est-ce que t'es redevenu comme avant ?
parce que mine de rien, le jovan d'avant te manque.

tu connais janis sur le bout de tes doigts, tellement bien, que t'es là, à observer attentivement le moindre de ses gestes pour tenter de percevoir ses pensées. Celles qui s'emmêlent, qui se perdent ici et là pour ensuite s'évaporer d'un instant à l'autre. ça y'est, elle repart à la dérive la petite. Tu le vois, avant même que les mots bravent ses jolies lèvres rosées. « oh j'ai rêvé de jura y'a pas longtemps. » elle rêve tout le temps de toute manière Janis. « et puis ben est toujours aussi gros, tu sais mon hamster ? » , tu hoches ton visage afin d'acquiescer ses dires. Oui , tu l'écoutes, parfois, et il t'arrive même d'enregistrer certaines de ces informations. Même celle-ci, cette petite boule de poils, loin d'être sexy. « ça fait quelques temps que je n'ai pas vu jezabel, mais bon...» , tu croques une nouvelle fois dans ton cookie. roi du silence. toi, tu l'as croisé Jez, y'a quelques jours auparavant. Elle était mal en point, une âme en peine au coeur du vacarme. Pourtant, tu fais mine de rien, parce que ça ne la regarde pas. ça , ce sont vos secrets , des recoins trop noirs pour que Janis ne puisse s'y aventurer. Alors tu te tais, et tu la laisses parler. encore « et puis, jo va bien aussi.» qu'elle dit l'air de rien. Jo, ce n'est qu'un vieux souvenir pour toi, une vulgaire futilité qui ne mérite guère d'être abordée. « au fait, t'aurais pas de la salade ? pour ma tortue. » « peut-être, tu m'offres quoi en échange ? » , une taquinerie, un principe intangible au fur et à mesure des années. Même gamin, il fallait toujours que tu marchandes avec tes soeurs pour obtenir les meilleures choses. Alors tu continues, parce que ça t'amuses toi, d'avoir les ficelles entre tes doigts. je te dérange ? , t'entends presque sa voix vaciller. Janis, et ses rêves partent en fumée. Et même si t'es un briseur de rêve, cette fois-ci, t'as pas envie de piétiner son coeur à Janis. je venais juste te voir, ça faisait un bout de temps. un bout de temps que t'es pas redevenu le frère qu'elle aimait tant. un bout de temps que tu te détruis sous ses prunelles. d'ailleurs, tu luttes intérieurement pour ne pas allumer un tube cancérigène entre tes lèvres juste sous ses prunelles. « tu ne me dérange jamais » , ce n'est pas vraiment un mensonge, car lorsque ses rêveries essayent de s'immiscer en toi, t'as juste à l'envoyer valser. elle, et son monde. Alors, tu lui accordes un peu de tendresse « j'suis content de te voir. »

t'as monologué (un peu) et jovan est resté silencieux (comme toujours). lorsque tu parles, tu sais pas vraiment s'il t'écoute ou non. ça te fait ça avec pas mal de gens. alors dans le doute, tu continues à parler. et puis faut aussi dire que t'aimes ça parler, dire ce qui te passe par la tête. que cela soit intéressant ou non, c'est pas vraiment ton soucis.

lorsque t'as fini de parler de la famille, jovan s'amuse avec toi, comme avant. comme avant. tu sens des paillettes invisibles dans ton ventre.
ça s'appelle la joie.

tu t'approches de lui pour le câliner. t'as pas beaucoup de fric, alors tu lui donnes ce que t'as : ton amour. tu lui en donnes un gros bout.

et puis le rare moment de doute. et puis tu es rassurée. toi non plus tu me déranges jamais, même lorsque tu saignes. du visage, du regard, de l'âme. t'es pas dérangée parce que jovan c'est ton frère, qu'il soit blanc ou gris. t'aimes les cookies ? on dirait ceux de maman. en fait, c'est une recette que j'ai piqué au magasin. le patron l'a malencontreusement laissée traîner. ton sourire se fait mutin, parce que c'est pas tout à fait vrai et tu sais que jovan va le deviner. tu lui fais un clin d’œil.

janis rayonne subitement sous tes mots. Et lorsqu'elle vient jusqu'à toi, t'as comme un mouvement de recul. Une infime seconde où ton corps menace de lui filer entre les mains. L'instinct qui refait surface, la fuite aux sentiments, à la moindre once d'attachement. Alors, même si Janis le remarque, tu te reprends, et tu fais un effort. parce que Janis, ce n'est pas une simple fille. Elle ne fait pas partie de celles que tu fuis, elle, c'est ta soeur. une partie de toi qui veut juste revenir vers toi. T'es juste plus vraiment habitué à la tendresse, la seule douceur que tu perçois et celle de Rosie. Et là encore, t'en prends d'infimes petits bouts. quelques morceaux, pour alimenter un coeur qui menace de disparaître. Pourtant, il est encore là, à bout de souffle, mais toujours là. Sinon, t'aurais envoyer valser l'étreinte de Janis. Et au lieu de ça, tes bras se faufilent autour de sa taille pour la ramener à toi. des efforts, pour entrevoir le bonheur dans ses prunelles. tu lui donnes un peu d'espoir, l'espoir d'être de nouveau ce frère qui la câlinait autrefois si souvent.

alors qu'au fond, tu ne seras plus jamais toi.
« toi non plus tu me déranges jamais, même lorsque tu saignes. » , au fond, tu sais que cette innocente petite remarque signifie beaucoup. Parce que Janis, elle a toujours peur du coup supplémentaire, de celui qui t'écorcheras à vif, et dont elle ne pourra pas te raccommoder. «t'aimes les cookies ? on dirait ceux de maman. en fait, c'est une recette que j'ai piqué au magasin. le patron l'a malencontreusement laissée traîner.» , un gros mensonge. tu le sais rien qu'en voyant ce fin sourire qui s'est immiscé sur ses lèvres. Janis, elle ne sait pas mentir. et ça , ce n'est pas nouveau. « évite de perdre la recette, elle est encore mieux que celle de maman. »

tu renifles d'amusement. même si au fond ça te fait plaisir parce que les cookies de maman sont vraiment bons. t'as d'la chance que je ne sois pas jez. elle aurait essayé de te faire chanter pour ça. elle sait tout comme moi que maman aurait mal pris cette critique. dis-tu sur le ton de la confidence, comme si c'était un secret. pourtant, y'a aucun secret. jezabel est chiante et maman aime être la meilleure en cuisine, pour faire plaisir. c'st comme ça.

après un coup d’œil appuyé, tu prends un cookie parce que la tentation est beaucoup trop forte. elle l'était déjà lorsque t'étais sur le palier de jovan.

jovan ? tu te sens seul ? voilà, ça t'es venu d'un coup, comme souvent. avant, jovan se serait senti seul. mais avant, jovan acceptait d'être avec jo. aujourd'hui, il n'accepte plus, alors peut-être que ouais, il se sent seul. parce que quelquefois je me sens seule, mais j'ai jools et ben et mes amis. tu laisses planer quelques secondes de silence.

jo se sent seule aussi je pense...

tu sais que le sujet est rempli de tension, mais t'as confiance. tu lui tends un autre cookie, accompagné d'un sourire.

janis, elle est pleine de souvenirs. Et t'arrives même parfois à imaginer ce qu'elle dit au travers de ses prunelles. tu vois les scènes, tu les ressens. C'est toujours comme cela avec elle , elle arrive à nous projeter dans le passé rien qu'avec de simples mots. Trop rêveuse, et si attachée à ses souvenirs qu'elle ne voit même pas que les choses changent. Elles évoluent autour d'elles sans que Janis ne puisse réellement s'en rendre compte. Parce qu'elle, elle voit les choses telles qu'elle les imagine, elle les voit comme elle les voyait lorsqu'elle n'était pas plus haute que trois pommes. Et ça, tu t'en rends compte lorsqu'elle parle de Jezabel. «  t'as d'la chance que je ne sois pas jez. elle aurait essayé de te faire chanter pour ça. elle sait tout comme moi que maman aurait mal pris cette critique » , sauf que Jez elle n'est plus vraiment elle. Jez, elle a sombré, quelques années aprés toi. elle suit tes erreurs, suit tes pas, et peut-être même que Janis, elle, elle n'a encore rien vu de tout ça. Et toi, tu ne lui diras rien. Un petit silence, des miettes de cookies qui se dispersent, une dernière bouchée et des mots qui reviennent jusqu'à toi. « jovan ? tu te sens seul ?  » un coup de tonnerre qui résonne, et ton regard se plante automatiquement sur elle. t'ignores où elle veut en venir, mais t'annonce la couleur. Aborder ce sujet, quelque soit la conclusion de celui-ci n'est guère bon. même Jezabel évite ce genre de question. tout le monde le sait et se souvient que t'es tombé dans la solitude et que tu ne risques pas de lui faire faux-bond.  « parce que quelquefois je me sens seule, mais j'ai jools et ben et mes amis.  » , tu lâches un léger soupir. parce qu'au fond, ce n'est pas forcément ce que tu craignais. Toi aussi t'as tes amis. Et avant même que tu ne puisses répliquer, y'a sa voix qui revient à toi. « jo se sent seule aussi je pense...  » , elle t'envoie un sourire, et te tends un vulgaire petit cookie. Et pour la première fois depuis son arrivée tu refuses son geste. Tu t'en étais douté, t'avais senti le petit coup foireux pointer le bout de son nez. Et là, maintenant, voilà qu'elle se lance enfin. probablement trop tôt , car toi, t'es aucunement décidé à coopérer avec elle. « Elle n'a qu'à retourner en France.  » , clair , net et précis. un mensonge remplit de souvenirs et voilà que tu redeviens celui qui détruit Janis, celui qui piétine ses rêves et envoie valser le rose. «  Et puis, en ce qui me concerne je suis loin d'être seul. » , que t'ajoutes.



janis :

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jovan :

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oh.
il ne veut pas de ton offrande. le cookie de la paix reste dans tes mains. tu es songeuse. t'avais pourtant vérifié. jupiter est bien placé en ce moment. c'est comme s'il avait dit ok c'est bon pour moi. pourtant, jovan a refusé ton cookie. et il parle de jo, comme ça, comme si elle n'avait plus d'importance. mais tu sais que c'est faux.

mais en attendant elle est ici. elle est revenue. pourquoi tu fermes les yeux sur le passé ? tu comprends pas jovan. parce que, même si jo a fait une bêtise, rien n'efface les regards qu'ils se lançaient lorsqu'ils pensaient que tu ne voyais pas.
les regards ne mentent pas jovan, et vous vous regardiez beaucoup.
tu l'observes. j'ai fait un calcul. toi, tu es un huit. tu parviens à t'assumer parce que t'es combatif, mais tu manques de mesure, tu sais ? tu es trop intolérant. tu soupires. il faut que tu t'ouvres. tu comprends ? il faut que tu acceptes le dialogue.

il n'est pas seul. tu l'espères à vrai dire.
jovan, je n'aime pas le mensonge tu sais ça.
et se mentir à soi-même, c'est pas bon.

le cookie est encore dans tes mains.

fondu.

un léger silence , quelques pensées qui s'entassent et Janis prise dans son élan qui continuent de déblatérer son monologue. T'as beau percevoir des sons, entendre sa voix s'immiscer à ton oreille, tu ne l'écoutes qu'à moitié. Le tri sélectif des informations ; certaines sont immédiatement jetées alors que d'autres sont soigneusement gardées pour être remaniées à ta manière. T'es le roi, pour ça. Pour interpréter les choses à ta guise, comme l'envie te prends.« mais en attendant elle est ici. elle est revenue. pourquoi tu fermes pas les yeux sur le passé ?  » , parce que t'es pas comme elle. pas comme Janis à vivre uniquement dans l'instant présent. Toi, tu te souviens des choses, tu te souviens des au revoir, et des abandons. T'es pas naïf, toi, et tu sais que certaines choses ne peuvent être pardonnées. celle-ci, elle en fait partie, de ces choses qu'on ne peut pardonner, qu'on ne peut oublier. « les regards ne mentent pas jovan, et vous vous regardiez beaucoup. » , encore une interprétation. « j'ai fait un calcul. toi, tu es un huit. tu parviens à t'assumer parce que t'es combatif, mais tu manques de mesure, tu sais ? tu es trop intolérant.  » , tu manques de mesure et t'es trop intolérant. Instinctivement, t'en viens à émettre un rictus. Parce que même si elle dit vrai, si une part de toi sait pertinemment que ces mots sont parfaitement le reflet de ce que tu es devenu. Tu ne peux changer. Toi, t'es comme ça , tu n'es pas comme elle. «
il faut que tu t'ouvres. tu comprends ? il faut que tu acceptes le dialogue.  » , mais toi,  le dialogue tu l'emmerdes. «  jovan, je n'aime pas le mensonge tu sais ça. et se mentir à soi-même, c'est pas bon. » , dommage pour elle. Parce que toi, tu baignes dans le mensonge. t'es même le roi des non-dits, de toutes ces choses qui masquent habilement la réalité. Et t'es tellement habitué de vivre ainsi, que t'es incapable de faire autrement. «   Dans ce cas, sans mentir Janis, tu m'emmerdes. » , une boule de neige qui s'abat sur elle. un tas de glace qui l'emporte dans le décor. Clair, net, et précis. Elle voulait de la sincérité, tu lui donnes à la petite. Plus sincére, il n'y a pas. « Je n'ai aucune envie de parler d'elle , pour moi, elle n'existe même plus.  » , un nouveau mensonge qui file entre tes lèvres. D'ailleurs , il n'y a plus que cela et les injures qui s'échappent entre tes lèvres depuis que deux femmes t'ont abandonné. « arrête de vouloir me changer, Janis, je ne changerais plus. jamais.  » , c'est trop tard pour cela. Bien trop tard pour te ramener de l'autre côté de la vie, là où le bonheur s'immisce dans les corps. tu t'es noyé, l'âme emportée, et les souvenirs entassés.

tu parles. les mots s'écoulent de ta bouche, comme ça, avec facilité. t'as toujours eu cette facilité de parole, de vérité. jovan lui ne l'a plus. il reste là, dans son silence. qu'il t'écoute ou non, qu'il t'observe ou non ; sa bouche est close. mais t'es pas bête janis. tu sais qu'il y a un tas de pensées qui virevoltent dans sa tête abîmée. pourtant il ne dit rien. c'est comme des secrets, c'est comme une vulnérabilité.

pour jovan, tout le monde est une menace.
même toi.
et ton coeur se sert à ce constat.

tu m'emmerdes. emmerde. emmerde. ça se répète en toi, comme un écho. tu panses la douleur avec un sourire. jovan est souvent comme ça avec toi. le calme avant la tempête. tu laisses couler alors qu'une larme coule en dedans de ton œil droit.

tu l'écoutes. mensonge, encore. toujours. t'es instable, comme jez. si tu penses si facilement que l'on puisse changer, pourquoi tu ne penses pas qu'on puisse le faire plusieurs fois ?
une autre question te brûle les lèvres. c'est à cause d'elle que t'as changé jovan ? tu ricanes un peu parce que dans le monde du mensonge, jovan est le roi.
et toi, tu n'es que la bouffonne.

Janis, petite chose fragile qui vacille face à tes mots. Tu le savais, tu t'y attendais, et pourtant, même quand t'essayes de te contenir , elle trouve les mots qui te font partir en vrille. C'est bien plus qu'une vulgaire manie, qu'une mauvaise habitude, c'est devenue quelque chose de plus gros. ça te prends aux tripes, fait soulever ton coeur, et agite tes nerfs. ça vient de l'intérieur, comme si l'adrénaline des combats et la haine persistaient inlassablement en toi. Et pour preuve, même face à ta soeur, face à Janis, tes muscles se contractent machinalement. « t'es instable, comme jez. si tu penses si facilement que l'on puisse changer, pourquoi tu ne penses pas qu'on puisse le faire plusieurs fois ? » , Jez n'est pas instable. et l'entendre parler d'elle de cette manière t'agace un peu plus. Parce que Jez, c'est ton reflet au féminin, une part de toi que tu veilles soigneusement à préserver de tout bordel. Même si elle sombre, elle n'est pas au point de non-retour, jamais elle ne le sera, parce que t'es là. « c'est à cause d'elle que t'as changé jovan ? » , à cause d'elle, et de l'autre. à cause d'elles. oui, et même ça tu ne l'avoueras jamais à haute voix. Au lieu d'ça, tu croques dans un nouveau cookie, un de ceux que les mains fragiles de Janis n'ont pas touché. « et toi Janis, c'est quand que tu grandis ? » , tu l'observes impassible pendant que ton coeur gueule contre ta haine. Autrefois, tu n'aurais rien dis, mais maintenant, t'envoie tout valser. que ce soit elle, ou quelqu'un d'autre. Parce que t'es comme-ça ; t'es qu'un con Jovan.

grandir.

le grand mot est sorti (si même dans l'fond il ne fait que sept lettres). ce mot, jovan l'aime beaucoup, mais c'est l'une des rares fois qu'il l'utilise face à toi. tu le fixes manger un de ces malheureux cookies. il te nargue. si grandir veut dire devenir comme toi, je préfère restée telle que je suis avec mes fleurs et mes calculs. t'es un peu dure à ton tour. parce que la colère de jovan c'est comme la gangrène. sauf qu'elle s'attaque directement au coeur des hommes.
et elle se propage.
elle a faim la maladie de jovan. et pour une fois, tu la laisses se nourrir de toi.

je ne perdrai ma plussoyance pour toi.
pour personne.

parce qu'au fond, personne n'est plus important que les idées.
l'Amour. la Vérité. la Liberté. la Justice. le Bonheur.
rien ne vaut ça. même si on se moque de toi pour ça.

je suis pas une idiote jovan.
même si t'as l'air de l'oublier lorsque ça t'arrange.
et le silence. lourd.

Janis essaye de s'élever à la hauteur de tes mots. Elle s'accroche aux sens de tes dires, et tente vainement de susciter un brin d'agacement en toi. Elle te reproche ce que tu es, refuse de devenir comme toi. Et cette phrase, bien loin d'être un quelconque électrochoc te rassure. parce que toi, justement, tu n'veux pas qu'elle devienne comme toi. De toute façon, vous êtes bien trop différents pour finir par être les mêmes. Janis elle vit d'espoirs, de rêves, de jolies fleurs et toi, l'espoir tu n'y crois pas, tu brises les rêves et arraches les fleurs. c'est comme voué à l'échec tout ça. D'ailleurs, t'as jamais dis qu'elle était idiote. elle croit juste en trop de choses Janis. Elle se laisse aveuglée par sa naïveté, comme plongée dans un monde qui n'est qu'une vulgaire illusion. Parce que l'monde, toi tu l'vois tel qu'il est, et il est bien loin d'être tel qu'elle le croit. La vie rose est piétinée, bafouée par des individus comme toi. « c'est pas ma faute, à moi, si tu te prétends plus bête que tu ne l'es. »

traduction : cesse de parler d'elle,
cesse de faire la sourde oreille,
et lâches-moi les baskets.

tu te perds dans les motifs de la table en bois.

y'a rien à faire. il est buté. et toi aussi. votre monde est différent. jovan c'est le soleil.
et toi t'es la lune. je ne prétends rien. je sais que je pense différemment des autres gens. je le sens. et je sens que tu me mens. tu fais de vagues gestes avec les mains.
tu t'es promise que personne arriverait à te mentir (encore).

alors, continue de mentir si tu veux. mais c'est sans moi.

l'excès. toujours un peu dans l'excès. tu abandonnes ton morceau de cookie.
t'as plus rien à faire ici.

bye.
parce que t'es plus la bienvenue,
parce que nova voudra bien parler, elle,
parce que t'étouffe auprès de jovan.

tu te diriges vers la porte, la salade oubliée
(même si dans le fond, cette énième rencontre sera mise de côté)

Les mains qui dessinent des formes imaginaires, encore un soupçon d'illusions. Des choses invisibles que tentent vainement de mettre en vie Janis. Elle s'accroche à ce qu'on ne voit pas, à des morceaux imaginaires qui n'existeront probablement qu'au sein de ses rêves. Et toi, briseur de rêves, t'envoie valser toutes ces choses , celles que tentent d'animer ta cadette. T'envoies valser ses illusions, tout cet imaginaire et ce qui s'ensuit. Alors, face à toi une part d'elle se brise alors. Janis, elle veut y croire, et les traits de son visage se plissent instinctivement à l'entente de tes mots. Elle n'est pas d'accord, elle. Et comme toujours, elle te traite de menteur. Ce n'est pas si faux, d'ailleurs , tu l'es, tellement, que t'es devenu le roi des mensonges. T'as pris l'habitude de remanier la vérité, d'arranger les choses à ta manière , si bien, que t'es presque dans l'incapacité même d'exprimer les choses telles que tu les perçois. T'as besoin de contrôler tes mots, aussi bien que tu contrôle ta vie. Alors, lorsqu'elle vient à s'éloigner enfin de toi, tout s'embrouille en ton esprit. Elle a ravivé certaines de tes plaies, celle de Jo, et toutes ces choses t'amènent à répliquer un peu plus fort. « La prochaine fois, évite de venir. » que tu largue, à contrecœur.

tu ne le penses pas,
ce n'est même pas toi qui parle,
c'est la haine qui lui réponds,
la haine et les remords.


Des mots qui claquent dans l'air comme des coups de tonnerre. T'es qu'un idiot Jovan.