« des maux au corps. » (hesvan)

 la foule des urgences n'est pas au rendez-vous. la marée humaine de d'habitude semble soudainement avoir pris le large. Alors t'es là, avachis dans une des salles de repos pendant que les autres services de l'hopital sont harcelés d'appels. Les urgences sont vides, tellement, que t'en viens à délaisser l'écran de ton biper pour admirer le cadran. L'aiguille vacille d'un chiffre à l'autre jusqu'à revenir inlassablement au même point. des secondes qui s'écoulent , et toi, qui attends patiemment une quelconque urgence. Toi qui aime ce service pour les imprévus, ça te laisse comme un petit goût amer. là, à cet instant précis, il n'y a que toi, toi, et quelques infirmières à guetter patiemment l'horloge. Habituellement, à la même heure, les cas s'enchaînent, les patients vont-et-viennent à un rythme quasi-déconcertant. Alors, quand ton biper vibre pour la première fois de la soirée, t'es directement opérationnel. Enfin, presque, parce qu'au fond, t'as presque peur que ton unique patient de la nuit se résume à une âme en peine retrouvé sur les pavés en cas d'ébriété élevée. Ce serait le pompom , une dose supplémentaire que t'es pas vraiment apte à prendre en charge. pas ce soir. Alors, lorsque t'arrives à l'un des box attitré t'as presque l'envie d'émettre une petite prière. « Bonsoir. » que tu lâches avant de découvrir ta patiente. une prière exhaussée , elle est bien loin d'être une âme en peine.

des maux au corps

Elle avait bien essayé de contenir son tempérament, cette poussée de violence qui la gagnait chaque fois qu'un homme se montrait trop collant sans qu'elle ne lui ait donné le moindre signe de son accord. Elle lui avait sourit, lui avait gentiment fait comprendre qu'elle n'était pas intéressée mais voilà que ce badaud, sûrement déjà bien imbibé d'alcool, avait continué son petit numéro, se permettant même de passer sa main baladeuse sur le derrière de la peintre. Le sang d'Hestia s'était alors glacé. Son souffle coupé. Son regard braqué. Et sa main s'était serrée d'une force incroyable autour du verre qu'elle avait en main et qu'elle avait finis par casser, sans réfléchir sur la tête de l'homme qui avait osé outrepasser la limite qu'elle avait pourtant imposé. Il s'était jeté par terre, tenant son crâne maintenant ensanglanté et la brune l'avait fusillé du regard, le poing serré, à deux doigts de l'achever à coups de pied bien placés. « Hestia !  » Avait lancé le barman qui avait assisté à la scène et qui voulait sans doute maintenant éviter tout problème. La brune l'observa, regarda l'homme qu'on aidait à se relever puis sa main qui soudainement, était victime de quelques picotements désagréables. Le sang avait également filé entre ses doigts, laissant deviné une coupure malheureusement loin d'être bénigne en plein milieu de la paume. «  Merde..  » soupira t-elle en attrapa la serviette que son ami barman lui tendait. L'homme qu'elle avait mis à terre se lança dans une vague d'insultes incompréhensibles mais Hestia n'y fit pas attention. Attrapant sa veste elle fila du bar pour marcher jusqu'au centre, jusqu'à l'hôpital.
On avait finis par l'installer dans un de ces box, avec une rapidité qu'elle avait trouvé surprenante. Quelques minutes plus tard, un jeune homme venait la voir, sans doute le médecin qui allait s'occuper de sa main meurtrie. Ou peut-être juste un infirmier. A vrai dire, il lui semblait bien jeune pour porter une blouse de médecin. « Bonsoir..  » répondit-elle avant de retirer la serviette maintenant rouge qui avait protégé sa main jusqu'à maintenant. «  Je suis peintre, je ne veux pas avoir le moindre problème après » Autrement dit, il avait intérêt à bien faire son travail car elle refusait une quelconque séquelle qui pourrait toucher sur son art. Son ton avait été sec, désagréable et elle s'en rendit compte après quelques secondes. «  Pardon.. Je suis juste un peu sur les nerfs..  » dit-elle dans un soupir, tendant enfin sa main au jeune homme.

à peine débarqué que ses prunelles scrutent attentivement chacune des parcelles qui constituent ton être. Et sans même demander, tu sais exactement à quoi elle pense, cette même réaction, tu l'as supporte depuis quelques années maintenant. Elle t'observe, détaille probablement tes traits à la recherche d'un quelconque indice sur ton âge. « Bonsoir..  » , ses pensées l'ont enfin déserté. Et t'attends patiemment que la serviette enroulée sur sa main soit entièrement enlevée avant de détailler la chose. Et toi, qui t'attendais à une vulgaire petite coupure tu te retrouves soudainement agréablement surpris par l'étendu des dégâts. Ce n'est pas une anodine petite coupure, loin de là. D'ailleurs, ça ressemble étrangement aux indénombrables coups qui entâchent tes poings lorsque tu combats sur le ring. Peut-être même, qu'il s'agit d'un même coup. Tu n'en es pas certains, mais l'étendu des dégâts et l'endroit permettent d'insinuer de jolies choses. «  Je suis peintre, je ne veux pas avoir le moindre problème après » aussitôt les paroles prononcées qu'une envie de la catégoriser dans les "pimbêches des urgences"  pointe le bout de son nez. Et avant même que tu ne puisses correctement l'envoyer sur les roses, l'envoyer valser à l'autre-bout des urgences que des excuses te parviennent aussitôt.  «  Pardon.. Je suis juste un peu sur les nerfs..  » , qu'elle lance. Et toi, en guise de mini-vengeance, digne de tes idioties, t'en viens à appuyer soigneusement sur l'un des rebords de la plaie. qu'elle souffre un peu de ses propres idioties. D'ailleurs, à regarder de plus prés, t'es quasiment persuadé qu'il s'agit d'une bagarre. T'as suffisamment eu ce genre de blessures pour les repérer. Et au lieu de la rassurer, l'envie de la provoquer vient subitement à prendre le relais. «  Disons, que je vais faire de mon mieux. Adviendra ce qu'il adviendra.  » , un vrai connard. d'ailleurs, tu dois te retenir pour ne pas lui rire au nez. Parce que bien évidemment t'es diplômé, t'as enchaîné les stages et t'es devenu docteur. autant dire, que régler ce genre de petit bobo ce n'est pas un problème pour toi. Mais là, aprés avoir passé une longue nuit ennuyante, tu n'as qu'une envie, t'amuser un peu.